Catelaine Brunelle

Je suis originaire de la région de Bree où mon père tenait - d'ailleurs il le tient toujours - un fier moulin sur la route du nord de Bree. Ma mère, quant à elle, était fleuriste, en quelque sorte bien qu'elle entretenait le foyer, poules, cochons, et son potager. Elle était aussi très bonne cuisinière, mais passons..

J'ai eu une enfance heureuse. Je contemplais les ailes du moulin des heures durant, cueillais des fleures, allais chercher des œufs au poulailler.. Il y avait la forêt à proximité et un étang où j'allais souvent me promener..

J'étais insouciante, rêveuse et surtout curieuse ! Pour me rassasier, j'allais avec mon panier porter fleures, œufs et gâteaux à la clientèle de ma mère. Mais de toutes les courses une me plaisait plus que les autres, c'était une somptueuse demeure. Il y avait livres, trophées et tous un tas d'objets plus énigmatiques les uns des autres...

Les mois passèrent et je me rendais toujours chez cet homme. De façon presque rituelle, je posais mon panier à l'entrée sans mot dire, sinon : "b'jour m'sieur, c'est Catelaine. J'vous apporte vot' panier. Bonne journée". Non sans me grandir sur la pointe des pieds pour jeter un œil au plus loin que je le pouvais, derrière la limite admise du vestibule.

Je ne le voyais que rarement. Il passait le plus clair de son temps dans la pièce qui semblait être une bibliothèque, objets de tous mes fantasmes..

Un jour pourtant, à ma grande stupéfaction, il me reteint pour me convier à prendre un verre de lait et gouter avec lui le gâteau que je lui apportais. Il me posa des question, sur moi : Quel âge j'avais, ce que je faisais, à quoi je m'occupais, si j'aimais mon travail.. - Intimidée je lui répondis poliment - pour finalement me demander si je voulais faire le ménage chez lui !

Sans hésitation, sans même me rendre compte de la tâche qui m’attendrait, j'acquiesças avec enthousiasme car secrètement, en moi, je savais que je pourrais satisfaire ma soif de curiosité. Inespéré, oserais-je dire car au fil des semaines il capta ma gourmandise et entreprit même de partager un peu de son savoir. Il m'apprit ainsi quelques rudiments de magie pour m'aider dans mes tâches ménagères..

Les mois passèrent et un beau soir il passa chez mes parents pour leurs demander s'il pouvait me prendre comme apprentie. Sans contrepartie ! C'était une chance pour l'enfant modeste que j'étais.. Qui aurait pu se douter que l'enfant au panier deviendrait un jour maitre du savoir !

J'ai ainsi passé quelques riches années sous son autorité et me voici aujourd'hui dans cette taverne à écouter les histoires de voyageurs tel que vous et prendre une chope d'hydromel avant mon grand départ, prête à découvrir les mystères des terres du milieu.

Alors, non monsieur, je vous vois venir. Je ne prendrais pas "une dernière chope" car j'ai soif d'un tout autre nectar que l'on nomme tantôt le savoir, tantôt la connaissance !